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EZK : “Artiviste sans prétention”

@ EZK

EZK est un artiste urbain engagé : ses œuvres provocatrices ont pour but de sensibiliser le public en l’encourageant à réfléchir sur sa condition et à prendre conscience.

Qui êtes-vous, EZK ? Quel a été votre parcours ?

Je suis un street-artist français. Mon parcours est assez varié : j’ai fait une faculté d’histoire de l’art, en même temps je suivais les cours des Beaux-Arts en tant qu’auditeur libre et ensuite j’ai fait un BTS de communication publicitaire. Après j’ai complètement changé de voie, je travaille maintenant sur des chantiers d’immeubles de grande hauteur, et je peins le reste du temps.

D’où vient votre passion pour l’art urbain ?

Quand j’étais petit, à 7 ans, il y avait une fille dont j’étais amoureux donc j’ai écrit son nom partout dans les toilettes de mon école. Je me suis fait engueuler par le directeur mais ça a marché. Donc j’ai compris qu’il y avait une portée possible sur ce genre de chose.

Vos œuvres sont très percutantes et incitent les passants à réfléchir. Je pense, entre autres, à Dans quel monde Vuitton. Y’a-t’il un message que vous voulez transmettre avec votre travail ?

Quand je fais la juxtaposition d’un enfant très pauvre et d’une marque de luxe si riche ce n’est pas pour juger mais uniquement pour créer une échelle, pour que les gens puissent se placer dedans. Je ne juge pas la marque ou les gens qui l’achète mais je me dis qu’on est quand même dans un monde bizarre. Un monde où il y a des gens qui achètent des sacs à dix milles euros et d’autres qui doivent vivre avec moins d’un euro par jour.
La juxtaposition des deux fait que ça marche : soit les gens détestent mon travail soit ils l’adorent, mais ça ne laisse pas indifférent.

@ EZK

Sur Instagram vous vous définissez “ARTivist without pretention”. Quelle est votre démarche artistique ? Vous vous définiriez comme activiste ?

J’aimerais bien faire des œuvres décoratives comme le fait Seth, qui est un de mes artistes préférés, mais en fait mon cerveau ne fonctionne pas comme ça. Dès que j’ai une idée c’est forcément avec un message politique ou humanitaire, j’ai arrêté de voter il y a vingt ans, donc c’est ma façon d’exprimer mon opinion politique.

En même temps je travaille avec le Secours populaire, le fait de pouvoir vendre des choses et ramener de l’argent assez rapidement pour cette association met en résonance toute ma pratique artistique. On pourrait dire que c’est de l’activisme, dans le sens où mon art ne sert pas juste à être vu mais aussi à obtenir de l’argent pour des associations qui en ont besoin.

@ EZK

Justement vous êtes le co-fondateur de Boards to be solidaire, la vente aux enchères de skates customisés par des artistes, au profit du Secours populaire. Vous pourriez expliquer en quoi cela consiste ?

Un soir j’étais avec Fred Vedel qui travaille au Secours populaire en tant que coordinateur de la fédération et on essayait de trouver une façon d’aider économiquement l’association. On a eu l’idée de peindre des skates avec l’intention d’appeler ça “Boards to be solidaire” au lieu de “Born to be solidaire”, le vrai slogan du Secours populaire.

On a donc proposé ça à tous nos potes graffeurs dans le but de customiser les skates et de les vendre. On a trouvé un partenaire qui nous faisait les skates, Artcurial pour la vente aux enchères et agnès b. qui nous a gentiment proposé de nous héberger pour l’occasion.

La première année on a gagné 88 000 € environ et l’année dernière 122 000 €. On a été vraiment content de pouvoir tout donner au Secours populaire. Maintenant on va l’organiser tous les deux ans.

@ EZK

Votre œuvre Gift to the world est un clin d’œil à Banksy. Quelles sont vos sources d’inspirations en général ?

Bansky c’est un peu le Picasso actuel, mais mes artistes préférés sont plutôt Seth et André Saraiva. Puis j’adore Keith Haring, j’ai même tatoué un détail de son œuvre sur mon bras. Ensuite Basquiat et beaucoup d’autres. J’aime bien tout ce qui se rapproche du dessin d’enfant.

Pour trouver des idées je ne fais rien de spécial, c’est juste en vivant dans mon époque, en écoutant ce qui se passe. Je ne force rien, ayant un autre travail à coté je ne dépend pas financièrement de la peinture. C’est pour cela que je suis peut-être un peu plus libre que les autres.

Dès que j’ai l’idée je commence à dessiner, je mets deux pochoirs en noir et en blanc et une fois dans la rue je sais exactement où je veux aller et ce que je veux poser donc c’est vraiment très rapide.

Donc vous choisissez les spots avant ?

Oui, je le choisis comme un publicitaire. Le but est d’être vu au maximum pour que l’idée passe, donc je cherche les endroits des villes où il y a le plus de passage.

Quels sont vos projets futurs ?

J’avais une exposition dans le musée d’Art et d’Histoire de Rambouillet avec Nasty et Toc Toc, elle a été fermée à cause du confinement mais ça va ré-ouvrir très bientôt, jusqu’à fin août. J’ai aussi une autre exposition de prévue prochainement dans le 18e Arrondissement de Paris. Et sinon je vais continuer à peindre dans la rue, qui est ce que je préfère.

Plus d’informations sur son Instagram .

Propos recueillis par Violagemma Migliorini

 

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